Metaverse & identité collective
Le metaverse existe-t-il encore ? Mais quel aurait été l'angle d'attaque des organisations dans ces univers ?
Je sais, je sais… on en parle beaucoup moins et c’est peut-être un peu simpliste d’écrire un article sur le métavers aujourd’hui. Mais croyez-moi, cet article s'intègre dans cette perspective, mais traite en fait d’une de ces dimensions cachées.
QUELQUES MOTS SUR LES MÉTAVERS.
Ce sont des mondes virtuels et ouverts, plus ou moins accessibles, qui permettent aux individus d’interagir entre eux sous différentes formes à travers différents environnements et projets. Ils ne sont pas vraiment nouveaux, tout amateur de jeux vidéo et de science-fiction a déjà observé ou participé à ces univers tels que Second Life, Les Sims, Ready Player One, Avalon, WoW, GTA, et j’en passe. Aujourd’hui, le développement des technologies autour des nouveaux processeurs et moteurs graphiques, l’implémentation des réalités mixtes, la portabilité des matériels nécessaires pour accéder à ces mondes mettent le sujet des métavers au cœur des réflexions sociales, pédagogiques et économiques. Croisé avec la crise sanitaire et les réflexions sur les futurs modes de travail, vous avez là une belle bulle spéculative dont seuls le temps, les conversations, la morale et l’éthique pourront sculpter les formes et les usages futurs. Mais à travers toutes les questions, critiques et débats faits autour de ces univers, il y a une dimension qui pour le coup a une importance forte et serait presque incontestable. Je dis bien presque.
QUI SOMMES-NOUS ?
Les organisations peuvent être analysées comme un tout, ce sont des organismes vivants qui répondent à une somme de règles presque universelles. Bien que ces collectivités soient construites autour de la somme des singularités que représentent les individus qui la composent, ne nous trompons pas : ces égos doivent être au service de l’écosystème dont ils participent activement. En retour, la communauté leur permettra de se développer et d’accomplir des choses qu'ils ne pourraient pas accomplir seuls. Il n’y a pas l’individu d’un côté et l’entreprise de l’autre, l’un est partie prenante de l’autre et l’organisation ne peut se développer que si chaque personne répond à des fonctions au sein du système. Aujourd’hui, cette dissociation entre individu et organisation est présente et peut se traduire par un désengagement, voire une opposition des collaborateurs avec les sociétés pour lesquelles elles travaillent, et cela entrave une performance globale de l’organisation. C’est un peu comme si vos poumons décidaient de ne plus traiter d’oxygène sans prévenir : tout le système se détériorerait. Je ne parlerai pas du télétravail qui pourrait, s'il est mal mis en place, participer à ce désengagement. La question reste donc la suivante : comment permettre au citoyen de s’engager dans le système ? Comment créer ce sentiment d’appartenance des collaborateurs ? En d’autres termes, comment créer une véritable culture collective ?
Et c’est ici que je vais recouper avec le métavers, car même si c’est un effet de mode, il nous amène à nous poser une question clé : à quoi ressemblerions-nous en tant qu’identité collective ? Si nous devions avoir un visage, un corps, un comportement, comment se matérialiseraient-ils ? Quels seraient leurs traits ? Une femme ? Un homme ? Les deux ? Est-ce que ce serait un enfant ? Un adulte ? Un senior ? Sportif ? Geek ? Nerd ? Et surtout pourquoi ? Est-ce que la jeunesse est liée à une question de vivacité ? D’apprentissage ? La séniorité couplée avec une notion d’expérience et de sagesse ? Quels sont leurs rêves ? Leurs défauts ? Leurs qualités ? Toutes ces questions poussent les collectifs à se poser ces questions, à mettre à plat les hypothèses et surtout à s’aligner derrière le rôle et la vision commune d’une organisation, derrière des traits et des comportements. Ce travail a bien sûr été lancé avec les sujets RSE et l’écriture des raisons d’être, mais cette partie du métavers permet de passer à une forme de phase 2 et de les matérialiser autrement que dans des mots, mais bien dans une vraie personne aux traits uniques avec laquelle on pourrait interagir. C’est le travail qu’LVMH a dû réaliser lorsqu'ils ont créé livy. En d'autres termes, ces nouvelles égéries deviendraient le catalyseur de ce travail autour d’un “pourquoi existons-nous et comment voulons-nous interagir avec notre environnement ?”.
AUJOURD’HUI AVANT DEMAIN
Et puis, nous n’avons pas vraiment à attendre l’avènement de ces métavers pour travailler cette notion d’identité collective, ses représentations ou ses incarnations. Les réseaux sociaux contemporains sont aujourd’hui le terrain opérationnel qui se rapproche le plus du métavers : c’est un univers à part dans lequel la définition de réalité est parfois changeante et surtout dans lequel nous pouvons narrer les aventures de nos organisations à travers divers environnements. Quand on y pense, les métavers de demain ne sont-ils pas qu’une nouvelle forme de réseau social ? C’est en partie ce qui stimule l’intérêt économique des marques sur ce sujet. Maintenant, si l’on croise ce monde de réseaux, internes et/ou externes, avec l’avènement d’influenceurs virtuels, alors nous avons là un terrain propice à la création et à l’animation de ces égéries fictives, vraie incarnation des cultures collectives, à travers lesquelles les communautés qu’elles animent pourraient se reconnaître dans leurs aventures.
Elles seraient là, cette première révolution du métavers : incarner et représenter les personnes morales non pas comme des concepts, mais bien comme un être à part entière.