Cerveaux et Ux(s)
Et si il n'y avait pas qu'une seule expérience utilisateur ? Qu'est ce que les sciences cognitives nous disent à ce sujet ?
La montée de l'UX a apporté une nouvelle vision à toutes les études centrées sur l'humain. Mais la question principale reste : Qu'est-ce qu'une expérience ? Comment la définir ? Comment la déclencher ? Et comment cette définition va encadrer et nourrir le travail en tant que professionnel ? Comme toujours lorsque je me pose ces questions stupides, je me réfère à la seule fondation que je connaisse : les hypothèses sur notre cerveau et notre comportement.
Alors commençons par le commencement. Si le cerveau est une machine électrique, les cellules cérébrales pourraient former un vaste réseau de câbles et d'antennes qui permettent à l'électricité de circuler à travers le cerveau. Ce système électrique évolue et change en permanence lorsqu'il est confronté à des environnements physiques et sociaux. Cela signifie que, par le biais de nos organes sensoriels, les stimuli environnementaux fournissent l'électricité nécessaire pour mettre en œuvre nos réseaux neuronaux et gliaux et ainsi activer les mécanismes d'apprentissage. Et comme la vie et l'expérience sont différentes pour chacun, le réseau électrique cérébral de chaque cerveau est façonné différemment de celui de nos voisins. L'électricité provenant d'un stimulus simple et courant ne prendra pas nécessairement le même "chemin" chez moi que chez vous. La connectivité unique de nos réseaux neuronaux est notre ADN cognitif et constitue un concept central dans les théories de la subjectivité. J’avoue c’est un résumé un peu rapide, mais je vous engager à jeter un coup d’oeil du coté du discours de la méthode d’un cancre, une série d’essais qui vise à écortiquer un peu ces concepts 🙂
Si nous restons dans l'analogie des câbles électriques, par effet de propagation, chaque partie d'un stimulus déclenchera des ondes électriques à travers les différentes régions du cerveau. Les environnements sont multisensoriels, donc dans la même chronologie, vous recevez des informations provenant de différents sens (son, toucher, vue, etc.). Ces stimuli sont traités dans des flux parallèles qui seront intégrés à un point différent du cerveau. Tout cela dans quel but ? Pour que vous puissiez prendre la décision la plus adaptée en un laps de temps très court.
Cela signifie que, par un simple effet de conduction, notre cerveau lie et connecte simplement les choses ensemble afin que son environnement "ait du sens pour nous". Cette hypothèse donne naissance au classique et profond "tout est d'une certaine manière, connecté".
Nous pourrions donc avoir ici la première définition, l'expérience en tant que sens.
Mais les environnements sont dynamiques, ils bougent, changent, se transforment et évoluent en permanence. Les environnements sont dépendants de la cause et de l'effet. Les éléments qui étaient connectés il y a 5 lignes ne le sont plus. Pourquoi ? Parce que quelqu'un les a pris, ou le vent les a déplacés, ou le soleil a caché une partie importante, ou je ne suis plus là, etc. Comme je l'ai mentionné précédemment, le cerveau a besoin de tout connecter avec tout, il doit être dans un environnement où tout a un sens subjectif. Cette "déconnexion" soulève des questions. "Comment est-ce possible ? Pourquoi ? Je ne comprends pas ? Êtes-vous sûr ?" Ce sont des exemples de questions que l'on se pose lorsque les choses ne s'emboîtent pas dans notre esprit. Ces questions sont à la base des processus de motivation et d'action. Comme nous ne pouvons pas toujours attendre que les choses se connectent d'elles-mêmes ou créer des liens mentaux entre elles. La plupart du temps, nous devons les connecter physiquement ou les rapprocher pour enrichir l'information sensorielle. Nous les faisons donc se connecter en changeant, en recyclant, en connectant les éléments environnementaux par le biais de nos actions. Cet effet de déconnexion conduira plus tard, par un mécanisme plus spécifique, à l'émergence de sensations et de sentiments (qui ne sont pas l'objet de l'attention d'aujourd'hui). En tentant d'équilibrer un environnement et de l'adapter à notre logique, nous agissons sur lui et changeons notre environnement.
Et voici notre deuxième définition : l'expérience en tant qu'interaction.
Mais n'oublions pas que le but principal du cerveau est d'apprendre pour s'adapter. "Je dois apprendre à partir du résultat de mes actions afin de m'adapter rapidement à des environnements similaires à l'avenir". Nous enregistrerons ces mécanismes de cause à effet et l'ensemble des actions qui leur sont liées afin de les rappeler ou une version modifiée d'entre eux lorsque cela sera nécessaire. Le protocole classique du "tester et apprendre" reste la base de tout processus d'expérimentation. En fin de compte, ces expériences sont stockées dans tout le cortex sous la forme d'activations électriques continues et de modulations de nos réseaux cellulaires. Les expériences sont éducatives par définition.
Et voici notre troisième définition : l'expérience en tant que mémoire.
Toute approche UX doit prendre en compte au moins ces 3 définitions qui peuvent être soulevées par 3 questions simples : Qu’est ce que je veux que mon utilisateur ressente ? Qu’est ce que je veux que mon utilisateur fasse ? Et qu’est ce que je veux que mon utilisateur mémorise ? et c'est pourquoi l'UXs, au pluriel, est probablement un "mot" plus précis...
Gd.