Autour des intelligences - E04 : Complémentarité
Comme la révolution industrielle a automatisé le travail physique, l'IA automatise le travail intellectuel. Ces outils, très efficaces, risquent de créer une "paresse intellectuelle". Il faut trouver un équilibre entre utilisation de l'IA et maintien de nos capacités.
Les 3 premiers articles avaient pour objectif de passer en revue les grandes fonctions cognitives d'une intelligence. Les voici trés voir trop synthétisés.
- Observation : capacité à analyser et identifier dans les environnements des éléments
- Interpretation : capacité à mettre en relation les elements observé avec une expérience ou une connaissance
- Problématisation : capacité à identifier et formaliser une problématique
- Idéation : capactié à avoir des idées
- Planification : capacité à générer des plans d’action
- Décision : capacité à prendre des décisions
- Production : capacité à produire la matière nécessaire pour construire la solution
- Mémorisation : Capacité à stocker les résultats des expériences produites.

Maintenant, il se peut qu'une telle question émerge dans votre esprit :
« Si un programme, sans parler de machine d'ailleurs, est aussi intelligent que moi et donne d'ailleurs même l'illusion d'être plus rapide à répondre ou d'avoir plus de connaissances, eh bien qu'est-ce qui me reste à faire ? Comment est-ce que je vais pouvoir travailler avec ces programmes sans être annihilé comme dans la majeure partie des scénarios de science-fiction, de Terminator à Battlestar Galactica en passant par Animatrix ? »
(Si d'ailleurs vous ne connaissez aucune de ces références, je vous conseille vivement d'y jeter un coup d'œil)
Dans cet article , nous travaillerons plus spécifiquement la relation et l'équilibre potentiel entre les programmes et l'homme et comment mieux utiliser ces nouveaux outils boostés à l'IA.
Au fil du temps, nous nous spécialisons naturellement dans certaines fonctions cognitives, une réalité qu'il faut accepter car la spécialisation dans un domaine limite notre capacité à maîtriser les autres. Cette dynamique s'applique aussi bien aux humains qu'aux IA, expliquant pourquoi nous utilisons différents modèles spécialisés plutôt qu'une seule IA universelle. C'est cette diversité des compétences qui fait la force d'une société ou d'une organisation : en mettant en commun nos expertises complémentaires, nous pouvons atteindre des objectifs qui seraient hors de portée individuellement.
Dans une organisation, chaque fonction cognitive trouve son équivalent collectif. L'observation devient une veille stratégique où certains membres scrutent l'environnement pour détecter les opportunités et les menaces. L'interprétation se traduit par l'analyse collective des données et des informations recueillies. La planification s'incarne dans la stratégie et la gestion de projet, où certains excellent à organiser et structurer le travail. La créativité et la résolution de problèmes, elles, émergent de la synergie entre les différentes expertises : un designer apporte sa vision, un technicien sa faisabilité, un commercial sa connaissance du marché. Et enfin, la mémorisation organisationnelle, plus compliquée à mettre en place elle, repose sur le stockage et partage des connaissances et des expériences collectives. Ainsi, comme notre cerveau qui combine différentes fonctions cognitives pour résoudre des problèmes complexes, une organisation performante s'appuie sur la complémentarité de ses membres, chacun apportant ses forces spécifiques au service d'un objectif commun.
Ce sont ces relations que j'aimerais explorer un peu. Car oui, en termes d'usage, finalement, la synergie nécessaire, et je dirais même presque obligatoire, entre nous et ces programmes doit être complémentaire. En théorie, vous n'avez pas besoin d'avoir quelqu'un qui fait la même chose que vous mais bien un compagnon qui vous permettra de faire ce que vous ne savez pas faire ou alors de vous permettre d'être meilleur dans ce que vous savez faire, mais là pour le coup, on rentre dans une fonction pédagogique de ces outils qui est bien super intéressante mais un peu différente. On l’abordera une prochaine fois si le sujet vous intéresse.
Alors, juste entre vous et moi, Je vais vous confier mon point de vue et surtout ma plus grande crainte concernant ces outils que forment “LLM & Co”. Ce n'est pas une peur théorique, mais une inquiétude bien réelle qui me hante à chaque utilisation. Il faut l'admettre : ces outils sont addictifs car ils nous permettent d'accomplir un travail considérable en un temps record. Mon conseil donc de « ne l'utilisez pas pour faire ce que vous savez déjà faire » résiste rarement à l'expérience. Notre première réaction est souvent « Je ne m'embêterai plus jamais avec ça, l'IA le fait aussi bien que moi ».
Permettez-moi de faire un parallèle avec la précédente révolution industrielle. Oui, nous avons la chance ou la malchance d'être, pas seulement témoin, mais bien acteur d'une nouvelle révolution industrielle : si la précédente a automatisé le travail physique, celle-ci automatise le travail intellectuel. La diminution des activités physiques professionnelles a contribué aux problèmes de surpoids, quelle qu'en soit l'origine. Ma crainte personnelle — et elle n'engage que moi — est de voir émerger une forme d’embonpoint intellectuel : une paresse permanente et naturelle de réfléchir parce que nous estimons que les programmes peuvent remplacer une tâche qui nous est fatiguante. Certes, nous devons utiliser ces outils pour rester compétitifs, mais nous devons aussi nous entraîner à maintenir notre condition intellectuelle, tout comme nous devons préserver notre condition physique.
Gd.